La reprise en Afrique subsaharienne a été inférieure aux prévisions de début d’année du fait de l’affaiblissement de la demande extérieure, des perturbations d’approvisionnement et de la grande incertitude entourant les politiques publiques, autant d’éléments qui ont pesé sur l’activité des principales économies.
Selon les Banque mondiale, la croissance dans la région devrait redémarrer plus lentement que prévu pour atteindre 2,9 % cette année. L’activité dans les trois principales économies de la région (Angola, Nigéria et Afrique du Sud) est restée morose en 2019.
Au Nigéria, le redressement de la production de pétrole n’a pas été à la hauteur des attentes : le manque de prévisibilité de l’action publique a freiné l’investissement dans de nouvelles capacités, et l’atonie de la demande intérieure dans un contexte difficile pour les entreprises a pesé sur la croissance du secteur non pétrolier.
En Afrique du Sud, le manque de lisibilité persistant des politiques publiques et coupures de courant à répétition ont ralenti l’activité économique durant le premier semestre.
Quant à l’économie angolaise, elle devrait sortir en 2019 de la phase de contraction qu’elle traverse depuis trois ans à la faveur du récent essor du secteur non pétrolier impulsé par les réformes du climat des affaires. La baisse de la production de pétrole n’en a pas moins pesé sur la croissance qui s’établit cette année à un niveau plus faible que prévu.
Portée par les investissements publics, l’activité a été robuste dans les pays de la région dépourvus de ressources naturelles, en particulier au Rwanda et en Ouganda. Au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Rwanda, les bonnes récoltes ont dopé la croissance agricole.
Aux Comores, au Malawi, au Zimbabwe et au Mozambique, des cyclones dévastateurs ont fait de nombreuses victimes et occasionné des dégâts importants. Les vulnérabilités de la région au regard de la dette publique restent préoccupantes, et l’alourdissement de la charge d’intérêt reflète en partie l’évolution d’un endettement désormais constitué de financements non concessionnels plus coûteux.
Perspectives
La croissance régionale devrait s’accélérer pour atteindre 3,3 % en 2020, dans l’hypothèse où plusieurs grandes économies de la région regagnent la confiance des investisseurs, que la production de pétrole reprenne dans les gros pays exportateurs, et que le maintien à un niveau élevé de la production agricole ainsi que des investissements publics soutenus viennent étayer la croissance robuste des économies pauvres en ressources naturelles.
Le PIB par habitant devrait augmenter dans la région, mais à un rythme insuffisant pour réduire véritablement la pauvreté. Même dans les régions où l’on enregistre des avancées sur ce front, la croissance économique est concentrée dans les centres urbains et profite peu aux pauvres en milieu rural.
La croissance en Afrique du Sud devrait atteindre 1,5 % en 2020, à supposer que les politiques publiques deviennent plus lisibles et que les réformes du cadre économique commencent à porter leurs fruits. En Angola, l’activité devrait s’accélérer pour s’établir à 2,9 % en 2020, à la faveur d’un environnement des affaires de plus en plus porteur et de l’entrée en production de nouveaux champs pétrolifères.
La croissance au Nigéria devrait connaître un léger rebond, à 2,2 %, en 2020, mais les restrictions de change, les perturbations d’approvisionnement du secteur pétrolier et l’absence de réformes nécessaires sont perçues comme autant d’obstacles à une amélioration de la conjoncture.
Dans les autres pays de la région, la croissance devrait s’affermir pour atteindre 4,9 % l’an prochain. La reprise dans les pays exportateurs de produits de base sera soutenue par des investissements dans de nouvelles capacités de production de pétrole et de gaz au Cameroun et au Ghana, et l’accroissement des activités minières dans les pays exportateurs de métaux, en particulier la République démocratique du Congo et la Guinée.
Risques
La balance des risques penche négativement sur les perspectives régionales. Un ralentissement plus fort que prévu de l’activité chez les principaux partenaires commerciaux–Chine, zone euro et États-Unis– pourrait peser sur la croissance. Des prix des produits de base d’un niveau inférieur aux prévisions pourraient compromettre encore davantage les perspectives de croissance.
Un resserrement des conditions financières pourrait également pénaliser les pays lourdement endettés ou dont une grande part de la dette est libellée en devises étrangères. Dans certains pays, les entreprises contrôlées par l’État ont des dettes considérables qui posent un risque d’obligation contingente à des gouvernements déjà endettés. L’instabilité politique et les situations de conflit armé ou d’insurrection sont autant de circonstances qui peuvent également peser sur l’activité économique de certains pays.
Avec la Banque mondiale