A la faveur de la tenue à Libreville, du 26 au 27 février 2020, du premier Forum national sensibilisation sur et d‘information sur l’Accord de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf), à l’intention des acteurs locaux, le ministre du Tourisme, du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, et de l’Industrie, Hughes Mbadinga Madiya, revient sur les enjeux ainsi que les ambitions nourries par le Gabon pour ce vaste marché intra-africain.
Conjoncture Economique : Excellence, le Gabon vient de tenir son premier Forum national sensibilisation sur et d‘information sur l’Accord de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Pouvez-vous nous décliner les contours et les enjeux de ce vaste marché en gestation.
Hughes Mbadinga Madiya : La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) constitue l’un des douze projets phares et prioritaires, du premier plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Lequel agenda vise à faire de notre continent, une Afrique intégrée, prospère, pacifique dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale.
Ledit projet, vision des pères fondateurs de l’Union africaine, entre dans le processus d’intégration économique de notre continent. Ce projet consistera à éliminer tous les obstacles tarifaires et non tarifaires qui avaient jusqu’ici, limité les échanges entre les 55 Etats africains. En outre, il créera par conséquent, la plus grande zone de libre-échange du monde.
De manière précise …
La Zlecaf constitue une source d’opportunités énormes pour les entreprises qui veulent investir en Afrique. En effet, c’est un marché en pleine croissance, doté dès le départ, de 1,2 milliards de personnes. Elle représente un Produit intérieur brut (PIB) de plus 2500 milliards de dollars. En outre, cette zone permettra d’accroître le commerce intra-africain qui, aujourd’hui ne représente que 13%, contre 60% pour l’Europe, et 40% pour l’Amérique du nord. La Zlecaf permettra également d’augmenter de poids de l’Afrique dans le commerce mondial, qui aujourd’hui ne représente que 2%.
Autrement dit…
La Zlecaf, favorise ainsi la création et le développement des chaines de valeurs nationale et régionale. Grace à cela, les PME seront intégrées à des entreprises de plus grandes tailles, pour renforcer leur capacité de production et d’exportations, visant tout le continent, et le reste du monde.
Alors, que peut-on réellement attendre de ce premier atelier national?
Le présent atelier de sensibilisation et d’information s’inscrit dans le cadre d’une approche participative de la mise en œuvre de cette Zlecaf. Ces travaux visent à instituer un dialogue inclusif entre les décideurs publics, les acteurs économiques, la société civile, et les universitaires afin de renforcer leurs capacités sur les avantages de la mise en œuvre de cet accord sur notre économie
Quid de la situation du Gabon avec cette Zlecaf ?
C’est fort des atouts de ce nouveau modèle économique continental, résolument orienté vers le commerce intra-africain qu’en mars 2018, le Gabon, à l’instar des 43 autres pays africains, a signé l’accord sur la Zlecaf à Kigali en mars 2018, a l’occasion du sommet extraordinaire de l’Union africaine. Par la suite, notre pays a déposé son instrument de ratification, lors du 12e sommet extraordinaire de l’UA tenu, à Niamey, le 07 juillet 2019.
L’économie gabonaise est- elle prête à entrer dans cette mouvance ?
Le lancement de la Zlecaf ne constitue pas une fin en soi. Car, le Gabon se doit donc de tirer pleinement les bénéfices de ce vaste marché, susciter l’adhésion des opérateurs économique et générer le maximum de valeur pour notre pays. Car, son économie est restée longtemps tributaire du secteur des hydrocarbures. Avec une contribution à l’époque de près de 50% du PID du pays, et à plus de 801% des recettes issues de ses exportations.
Excellence, quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels le Gabon devra faire face pour intégrer ce vaste marché intra-africain ?
La Zlecaf représente déjà pour le Gabon, une opportunité parce que c’est l’accès à un grand marché de 1,2 milliards. Le défi pour le Gabon sera de définir les axes clés pour tirer profit de cette force. Nous pourrions également intégrer ce grand marché en termes de création de la valeur et la création d’emplois pour la population.
Quelle est la stratégie définie par le pays?
Nous allons, dans un premier temps, nous inspirer de la stratégie du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, mise en œuvre depuis déjà plus d’une dizaine d’années, avec le ‘’Gabon Industriel’’ dans le cadre du Plan stratégique Gabon émergent. En outre, nous allons bâtir nos stratégies sur nos points forts. Parmi ces points forts nous avons la stratégie menée dans le cadre de la diversification du secteur bois avec des Zones économiques, comme celle de Nkok située à 27km de Libreville
Par ailleurs, nous allons activer d’autres leviers. C’est-à-dire, des actions de diversification qui ont lieu dans d’autres secteurs, notamment le secteur minier. Nous allons continuer à nous appuyer aussi sur le ‘’Gabon des Services’’, qui représentent la force du Gabon. Il s’agit des services bancaires, des services liés à la télécommunication, [et] le tourisme. Ce sont des axes forts grâce auxquels le Gabon va pouvoir tirer son épingle du jeu par apport à ce grand défi de la ZLECAF.
Il faudra tout de même des compétences pour tirer profit de ces enjeux. Comment allez-vous bâtir ces compétences ?
Mais le Gabon est ouvert. Il faut déjà compter sur nos propres forces. C’est le travail des politiques publiques qui sont mises en œuvre par les plus hautes autorités notamment le président de la République et le Premier ministre.
Ensuite, il faudra, grâce à ce dispositif-là, attirer des investissements idoines. Donc, les compétences seront bâties au fur et à mesure que nous entrons dans des cycles d’investissement. Les compétences ne peuvent pas sortir d’une génération spontanée. Elles sont le produit de l’investissement. C’est au fur et à mesure que nous serons capables, d’avoir des infrastructures qui sont au niveau, d’avoir une ressource humaine qui s’améliore, d’avoir également un transfert des compétences. C’est tous ceci qui sont des éléments clés par rapport aux compétences, qui vont nous permettre de réussir notre stratégie industrielle ainsi que notre stratégie des services.