Face à la pandémie du Coronavirus, le principal défi reste la capacité de chaque pays à offrir à sa population malade, une capacité d’accueil en réanimation proportionnelle à l’intensité de la propagation de la maladie.
Le raisonnement que chaque pays doit se poser est donc simple : « Sachant que je dispose de « X » lits de réanimation, et sachant que 19% des malades exigeront une assistance respiratoire, le nombre total de malades dans le pays ne doit pas dépasser ‘’X / 19%’’ ». Par contre, les défaillances du système d’assurance maladie et de protection sociale, créent d’autres soucis mieux pris en charge dans les pays développés, dont les effets risquent d’être dramatiques en Afrique :
Mais au-delà du manque de lits en réanimation, le système sanitaire africain présente des faiblesses susceptibles d’aggraver la crise Covid-19. On note entre autres :
Le manque d’infrastructures
Non seulement l’Afrique a des dépenses de santé très inférieures à la moyenne mondiale35, mais la part des infrastructures dans ces dépenses est 5 fois plus faibles36. Ce constat explique la faiblesse du nombre de lits de réanimation détaillée supra ;
Le faible nombre de professionnels de la santé
L’Afrique se caractérise par un manque cruel de médecins, et plus généralement de professionnels de santé, que dénonce régulièrement l’OMS. Globalement, l’Afrique compte un médecin pour 5.000 habitants, soit 5 fois moins que la moyenne mondiale. À l’échelle du continent, l’Afrique totalise 24% des malades dans le monde mais ne bénéficie que de 1% des ressources financières mondiales et seulement 3% des professionnels de santé.
Cette situation de crise structurelle est une conséquence de la migration des populations médicales vers l’Occident : à compétences égales, un chirurgien gagnera $216.000 par an aux États-Unis, $24.000 en Zambie et $6.000 au Kenya… ;
L’exploitation inefficiente des systèmes de santé
Indépendamment du manque d’infrastructure, la performance du système de santé dépend fortement de l’utilisation qui en est faite. Selon l’OMS, alors qu’une exploitation optimale du système de santé, de son personnel, de ses institutions et de ses ressources permettrait de garantir un état de santé durable, le système du continent africain n’est exploité qu’à hauteur de 49%39 de ses capacités, un taux qui reste faible par rapport à des pays 39 comme la France, l’Espagne, l’Italie ou la Belgique qui font état d’une performance de plus de 90%440 ;
Faible accessibilité aux médicaments
Selon l’OMS, médicaments et vaccins jugés essentiels ne sont pas disponibles pour plus de 30%41 de la population du continent. Pourtant, cette situation n’est pas la résultante des impératifs commerciaux ou financiers (sur les 433 médicaments et vaccins, une majorité est générique dont le brevet a été totalement amorti ou pour lesquels les multinationales y ont renoncé pour les pays les plus pauvres) mais à des problématiques de distribution spécifiques d’un pays à l’autre (spéculation, pénurie, etc.) ;
Faiblesse des ressources du service d’aide médicale urgente
En 2006, l’association « Coopération Internationale pour la médecine d’urgence et les vigilances sanitaires en Afrique » (CIMUvisa) a mis en avant une faiblesse des ressources en médecins, anesthésistes et réanimateurs en Afrique Subsaharienne estimés à 0,1242 pour 100.000 habitants, ce niveau est plus de 10 fois supérieur au Maghreb (1,5 par 100.000 habitants) et 100 fois supérieur selon les standards internationaux (entre 12 et 15 par 100.000 habitants pour l’Europe et les États-Unis) ;
Accès limité aux solutions hygiéniques de prévention
Selon l’UNICEF, l’accès aux solutions de base pour la prévention des infections (celles relatives au Covid 19 notamment), reste limité en Afrique. En effet, 67% de la population africaine installée dans les villes n’a pas accès à l’eau et au savon pour pouvoir se laver les mains. Or, l’une des mesures préventives par excellence pour limiter la propagation du virus et éviter tout type d’infection est de se laver les mains fréquemment pendant 20 à 30 secondes.
Avec FINACTU