Perçu comme l’un des derniers vestiges de l’héritage colonial français en Afrique, le FCFA vient de faire l’objet d’un projet de loi entérinant sa fin, décidée le 21 décembre, à Abidjan (Côte d’Ivoire), par les présidents français, Emmanuel Macron et Ivoirien Alassane Dramane Ouattara.
C’est un grand pas que les pays de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), viennent de franchir dans leur processus de sortie du FCFA. Concrètement, le texte adopté officialise le changement de nom de FCFA en ‘’ECO’’. Un choix, indique-t-on, ‘’dicté par sa facilité de prononciation en français et en anglais’’.
Le texte prévoit également le maintien la parité fixe avec l’Euro. Tout comme il donne le quitus à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de disposer librement de ses réserves de change. De manière mécanique, de ne plus déposer la moitié de celles-ci, auprès de la Banque de France. Une obligation qui était perçue par les pourfendeurs de cette devise, comme une dépendance humiliante vis-à-vis de Paris.
En outre, le texte prévoit le retrait de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA dans lesquelles elle était présente. Toutefois, Paris continuera d’offrir des garanties en cas de crise monétaire. En clair, Paris passe d’un rôle de co-gestionnaire à un rôle de garant.
Selon la porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye, ‘’toutes ces nouvelles dispositions sont conforme à l’esprit de l’accord conclu fin décembre 2019, entre la France et les Etats de l’Union monétaire ouest-africaine, qui avaient annoncé cette réforme historique de la coopération monétaire entre la France et ces Etats africains devant aboutir à la fin du FCFA’’. Et d’ajouter « Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire », a-t-elle déclaré.
Après ratification parlementaire dans certains pays, ces réformes devraient rapidement être appliquées dès 2020. Dans cette réforme, la position des autres pays de la CEDEAO, notamment du Ghana et du Nigeria, qui pourraient souhaiter rejoindre cette nouvelle monnaie reste également à suivre. Ce qui revêt une question plus politique que de convergence.
Au niveau de la Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC), la situation est suivie avec une attention particulière. Surtout dans ce sens, que cette dynamique a également déjà été enclenchée. En effet, lors du dernier sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEMAC, tenu en novembre 2019, à Yaoundé au Cameroun, ce dossier avait été abordé.
Selon le président de la Commission CEMAC, le Pr. Daniel Ona Ondo, au terme de cette rencontre, les dirigeants de la sous-région ont posé les bases de la réforme du FCFA. Notamment, avec la mise en place d’une commission mixte composée des experts de la BEAC et de la CEMAC, pour mener la réflexion à ce sujet.