Adoptées récemment au Conseil de ministres, les nouvelles mesures prises par le gouvernement en vue de booster les performances et les rendements scolaires au Gabon, suscitent des réactions diverses.
Dans ce vaste champ fait de pourfendeurs et de défenseurs, appelé à donner son point de vue sur leurs portées, le président d’Ensemble pour la République, Dieudonné Minlama Mintogo a quant à lui émis de sérieuses réserves quant à leur efficacité.
Aussi, a -t-il déclaré « Mon point de vue sur les nouvelles mesures d’attribution de bourse, vous conviendrez avec moi que notre système éducatif n’est pas très performant. Nous sommes encore dans un système dans lequel nous ne pouvons terminer une année sans grèves. Nous sommes encore dans un système dans lequel nous avons un déficit en infrastructures », a-t-il d’emblée indiqué.
Avant de poursuivre « Ici à Libreville, pour ne citer que cet exemple, nous retrouvons des établissements avec des effectifs pléthoriques parfois plus de 100 élèves par salle de classe. Nous avons également un déficit en personnel enseignant. Vous allez découvrir que dans certains établissements, on retrouve encore des enseignants cumulards, qui à la fois, dispensent des cours de mathématiques, de sciences physiques, de chimie, de SVT, alors qu’en réalité, ils ne sont guère qualifiés pour donner des cours dans toutes ces matières ».
Dieudonné Minlama Mintogo pose également le problème du sous-effectif du corps enseignant. « Il y a même des établissements dans lesquels nous retrouvons des matières sans enseignants disponibles. Nous avons donc ce système éducatif qui produit beaucoup plus d’échec que de réussite ! ». Selon lui le problème semble beaucoup plus profond qu’il ne paraît. A preuve explique-t-il « Dans ce système, je le disais il y’a peu de temps au cours d’un entretien : quand 100 jeunes gabonais vont au CP1, il n’y a que 16 qui terminent leurs études avec un diplôme. Et si ce taux, qui est de 16 %, était atteint, c’est bien parce que certains bénéficiaient des bourses d’études parfois à des âges déjà assez avancés ».
Le fait de corser les conditions d’attribution de bourse pourrait plutôt porter un coup fatal au système éducatif s’inquiète-t-il. « En corsant les conditions d’attribution des bourses avec des moyennes surréalistes, pour des Gabonais en fonction de leur système éducatif, il est difficile pour beaucoup d’élèves d’arriver en classe de terminale avant l’âge 19 ans. Il est encore plus compliqué d’avoir 12 de moyenne parce que les lacunes qu’on traîne pendant toute cette période-là sont énormes. Aussi, j’ai la crainte que le taux de réussite soit plombé par ces mesures ! ».
Avant de s’interroger sur les réelles motivations desdites mesures. « La grande question qu’on peut se poser, est : le gouvernement en décidant de prendre des mesures de cette nature n’avait-il pas mieux à proposer ? Nous avons pour la plupart d’entre nous bénéficié de bourses d’études, de transports scolaires et d’internat, il n’est donc pas question que nous privions nos enfants de ces privilèges ».