Les belles perspectives affichées part la zone CEMAC en 2020, se conjuguent désormais au passé. Pire, le passage progressif des principaux indicateurs macroéconomiques au rouge laisserait même planer le spectre d’une récession, sous l’effet de la crise sanitaire et économique liée au Coronavirus.
Après analyse des divers scénarios en fonction de la durée de cette crise sanitaire et la réponse internationale, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) entrevoit pour 2020, un taux de croissance en forte baisse, voire une récession.
Dans ce droit fil, la zone pourrait connaitre une remontée des pressions inflationnistes, mais sous le seuil communautaire ; une dégradation du solde budgétaire, base engagements, qui redeviendrait négatif ; un creusement significatif du déficit du compte courant et une augmentation de la masse monétaire pour un taux de couverture extérieure de la monnaie qui évoluerait également à la baisse.
La même lecture est développée par le président de la Commission CEMAC, le Pr. Daniel Ona Ondo qui peint à son tour, une situation fortement préoccupante. Car, selon lui, «les cadrages budgétaires de la plupart des États membres de la Cemac étaient bâtis en tenant compte de la conjoncture internationale qui prévalait à la mi-2019, à savoir un frémissement de la croissance économique mondiale et des prix des matières premières plus rémunérateurs».
Et d’ajouter : «Si la tendance actuelle des prix du brut perdure, celle-ci impacterait considérablement les recettes pétrolières de cette année, et dans des proportions relativement plus ou moins importantes, des recettes hors pétrole. Un repli de 30 dollars du prix du brut, c’est pour certains Etats une perte sèche de 600 milliards de francs CFA. C’est énorme ! », conclu-t-il.
Adieu l’embellie économique ?
Selon les dernières projections des services de la BEAC, la croissance réelle de la zone CEMAC pour 2020, était prévue à 3,8 % après 2,5 % en 2019. Les pressions inflationnistes devaient se stabiliser du fait de la bonne tenue de la production vivrière et de l’élevage ainsi que la détente des pressions inflationnistes au Gabon, en Guinée Equatoriale et au Tchad, en lien avec les mesures de lutte contre la vie chère entreprises par les gouvernements.
Dans le même temps, les avoirs extérieurs nets devaient poursuivre leur tendance haussière en 2020, avec un taux de croissance de 9,7 %, malgré une baisse moyenne de 4,3 % des cours du baril de pétrole en 2020. Compte tenu de ces évolutions, et si le niveau des réserves de change en mois d’importations était satisfaisant, un assouplissement des conditions monétaires pouvait être envisagé.
Dans la même lancée, les Etats devaient poursuivre les réformes engagées avec l’appui du Fond monétaire international (FMI), afin d’assainir les finances publiques et surtout accélérer sainement le processus de diversification des économies. Pour sa part, la Banque centrale a entrepris des réformes en vue de garantir la stabilité financière de la CEMAC.
Il s’agit entre autres de l’assistance aux banques en difficulté avec le dispositif d’Apport de Liquidité d’Urgence (ALU) et le plan de redressement de la trésorerie des banques en situation de dépendance au refinancement de la Banque centrale.