L’expert-comptable – risk manager Madiou Soumare vient de procéder à une évaluation des impacts du Covid 19, sur l’espace de la Confédération inter africaine des marchés d’assurance (CIMA).
Dans son rapport, l’expert-comptable – risk manager, tire la sonnette d’alarme, au plan social et sanitaire sur la forte progression de cette pandémie en Afrique. Où l’on enregistre désormais près de 3.300 cas confirmés de contaminations et 90 morts. Avant de montrer, au plan économique, ses impacts directs ou indirects sur plusieurs secteurs.
De son avis, il indique que les pays des différentes zones économiques régionales enregistrent des cas de contamination et ont pratiquement comme point commun un début de la pente d’évolution dans le cycle de contagion du Coronavirus. A ce stade de développement de la pandémie, la contagion n’a pas le même niveau d’avancement selon les espaces économiques existant en Afrique.
Au plan régional Madiou Soumare révèle que, les pays de l’Union douanière d’Afrique australe (Southern African Custom Union (SACU) enregistre plus de 1 186 cas positifs, dont l’essentiel se localise en Afrique du Sud. Les économies de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), ont cumulés à fin mars plus de 641 cas, dont 180 au Burkina Faso.
Au niveau de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEAAC), l’on déplore plus de 182 cas, dont 92 au Cameroun. Dans les 15 états qui composent la Confédération Inter africaine des marchés d’assurance (CIMA), les pays les plus touchés à ce début de contagion sont le Burkina avec 180 cas, suivi du Sénégal pour 105 cas, de la Côte d’ivoire 96 cas, du Cameroun avec 92 cas.
Sur le marché des assurances, l’expert-comptable indique que ces quatre pays représentent plus de 753 milliards de FCFA de primes émises – segments vie et non-vie confondus, soit 66% des primes dans l’espace CIMA. Les sinistres réglés au titre de 2017 dans ces quatre pays les plus touchés par la pandémie se chiffrent à plus de 181 milliards de FCFA, soit 58% de la sinistralité de l’espace CIMA.
Une baisse attendue au niveau des primes émises…
Selon lui, les compagnies d’assurances de l’espace CIMA vont enregistrer une baisse de leur chiffre d’affaires sur les branches directement impactées par le Covid19. En effet, la baisse drastique des activités de transport comme l’aviation civile, le transport routier, le transport en commun (la branche transport qui se chiffrait à 72 milliards de Francs FCFA) va fortement impacter à la baisse les performances du secteur, avec la fermeture des aéroports et la réduction, voire l’arrêt de certaines activités industrielles.
Les souscripteurs de flotte automobile seraient tentés de ne pas renouveler l’essentiel du parc automobile dont les contrats sont arrivés à échéance à fin mars 2020, afin de réduire leurs coûts de gestion et parer à leur baisse d’activité. A fin 2017, la branche automobile enregistrait un montant total de primes émises dans l’espace CIMA de 245 milliards de FCFA.
En intégrant les difficultés que traversent les acteurs économiques, ce montant a de forte chance de connaitre une baisse ou une relative stabilité. La branche incendie et celle de la responsabilité civile pourraient ne pas être impactées de façon significative si la pandémie ne perdure pas jusqu’à la période de renouvellement majeure des contrats d’assurance, prévue à compter du dernier trimestre de l’année 2020.
En prenant en compte la fermeture des aéroports dans les principales destinations à l’étranger, l’assurance voyage va subir une baisse assez importante en cette période de Covid19. Le chiffre d’affaires de la branche Santé a de forte chance d’enregistrer une hausse, si on prend en compte l’impact psychologique des souscripteurs de contrat-maladie en tant de pandémie.
En effet, ‘’les souscripteurs et bénéficiaires des contrats de santé sont plus vigilants sur leurs contrats de maladie et souhaitent s’assurer que leurs dépenses de santé seront correctement remboursées par leurs assureurs. Le même phénomène de hausse de chiffre d’affaires pourrait être observé sur les contrats d’assurances vie.’’, indique-t-il.
En contrepartie des primes qu’elles encaissent, les compagnies d’assurances, dans le cadre de leur activité, offrent des couvertures assurantielles pour couvrir les risques encourus par les acteurs économiques. Ces couvertures protègent contre les risques liés à la santé, à l’automobile, l’incendie, la responsabilité civile, le transport, l’assurance vie et divers autres risques.
La pandémie du virus Covid -19 affecte la santé des personnes avec un impact direct sur leurs vies professionnelles et des incidences sur les activités économiques des souscripteurs de contrats d’assurance. Avec la hausse exponentielle des nombres de cas dans l’espace CIMA, les prises en charge du nombre de malades auront un impact très significatif sur les contrats Santé, qui sont à peine à l’équilibre dans la plupart des compagnies d’assurance de l’espace CIMA.
Dans l’hypothèse que les assurances santé couvrent les malades du corona virus, les compagnies d’assurances de l’espace risquent d’enregistrer des pics historiques en termes de sinistralité, créant ainsi des déséquilibres dans leurs portefeuilles. Sans prise en compte de l’épidémie de la Covid19, les charges de sinistres en matière de Santé dans l’espace se chiffraient à 135 milliards en 2017, pour des primes de 191 milliards, soit un ratio Sinistre-Prime de 70%.
Si on se réfère à la tendance haussière de l’épidémie en France ou en Italie, l’orateur note que l’augmentation du nombre de cas positifs dans l’espace CIMA pourrait avoir comme conséquence des charges sinistres qui pourraient atteindre des propensions inquiétantes.
Cependant, fait-il observer, »dans les contrats d’assurance maladie souscrites auprès des compagnies d’assurances, il est prévu, dans la majeure partie des cas, des clauses de révision annuelle pour tenir compte des niveaux de sinistralité de l’année en cours sur celle qui suit la clôture annuelle ».
Avant- d’ajouter qu’avec ce mécanisme d’ajustement des primes dans les contrats d’assurances santé, les compagnies peuvent subir des pertes liées à une donnée, mais l’impact pourrait être neutralisé sur l’année suivante. L’impact résiduel pour les compagnies serait au niveau de leurs trésoreries qui subiront une forte baisse et avec une incidence sur les équilibres réglementaires, notamment le taux de couverture et la marge de solvabilité.