Interrogé par nos confrères de Jeune Afrique à propos des impacts du Coronavirus sur les économies des pays de l’Afrique centrale, le président de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a décrit une situation très préoccupante pour les pays de la sous-région. Lesquels se remettent à peine de la crise de la dette, confrontés à des défis sécuritaires ayant mis à rude épreuve leurs finances publiques, et qui vont à nouveau voir leurs budgets mis à mal.
Évaluant l’impact de la crise lié au coronavirus, Daniel Ona Ondo a indiqué que les pays de la zone vont subir les effets d’entraînement de cette crise sanitaire mondiale, conjuguée à la dégringolade du prix du pétrole, en raison de leur forte exposition aux économies touchées par le virus, notamment de la Chine et de l’Union européenne.
Par ailleurs, ajoute-il, un ralentissement de la demande ou une récession chez ces partenaires va peser particulièrement sur le secteur des matières premières, et singulièrement le pétrole. Les transports, le tourisme et l’hôtellerie sont eux aussi touchés, ce qui fait craindre un effet de contamination sur les autres secteurs d’activité, et sur l’ensemble de l’économie. De ce fait, il précise que cette situation pourrait se révéler très délicate en termes de gestion macro-économique.
Pour inverser cette tendance, il indique que l’importance du choc commande des actions exceptionnelles et urgentes qui seront aussi bien budgétaires que monétaires. D’ailleurs précise-t-il, les cadrages budgétaires de la plupart des États membres de la CEMAC étaient bâtis en tenant compte de la conjoncture internationale qui prévalait à la mi-2019, à savoir un frémissement de la croissance économique mondiale et des prix des matières premières plus rémunérateurs.
Raison pour laquelle, déclare-t-il, si la tendance actuelle des prix du brut perdure, elle impacterait considérablement les recettes pétrolières de cette année, et dans des proportions relativement plus ou moins importantes, des recettes hors pétrole. Un repli de 30 dollars du prix du brut, c’est pour certains Etats une perte sèche de 600 milliards de FCFA. C’est énorme !
A la question de savoir si les correctifs budgétaires seront nécessaires, il s’est interrogé sur la capacité des États à mobiliser de nouveaux flux d’aide publique, dans la mesure où les principaux partenaires, la Chine et les Européens, sont eux-mêmes préoccupés à soutenir leurs propres économies. Selon lui, ce qu’il faut, c’est permettre aux entreprises d’être prêtes à relancer la machine une fois passé l’orage du coronavirus, en espérant qu’elle restera limitée dans le temps et que les principaux producteurs de pétrole parviennent à un accord.
Dans ce cas, les correctifs budgétaires à opérer dans les pays devraient avoir pour ambition de limiter la casse sur le plan social, en soutenant les entreprises impactées, notamment les TPE et PME, reconnues comme des amortisseurs non négligeables de la crise. Malgré tout,
Faisant preuve d’une relative dose d’optimisme, le patron de la Commission CEMAC a indiqué que la sous-région avait déjà, par le passé, fait face à des crises majeures qu’elle a d’ailleurs surmontées. Et que fort de cela, il reste convaincu que la sous-région y parviendra cette fois encore, par la solidarité et par la concertation.