Le Zoom sur le secteur du ciment en zone CEMAC réalisé par le service économique du ministère français de l’Economie pour l’Afrique centrale, met en exergue, la mainmise de la filière par quatre grands groupes. Il s’agit notamment de Cimencam, Cimaf, Dangote Cement et Mira Company.
Dans son rapport, l’institution souligne que le secteur du ciment en zone CEMAC a connu un essor remarquable sur les dernières années. « Longtemps le fait d’une poignée d’opérateurs, le secteur a connu sur la dernière décennie, l’arrivée de nouveaux investisseurs, en réponse à une demande croissante liée aux grands projets structurants engagés (au Cameroun et au Gabon notamment), ainsi qu’à la montée en puissance des constructions de logements privés, face à une croissance urbaine importante, et favorisée par les interdictions d’importations mises en place notamment au Cameroun », indique-t-on.
De manière spécifique, Cimencam (groupe Lafarge) qui a longtemps été l’unique opérateur dans le secteur au Cameroun a ainsi été rejoint à partir de 2014, par Cimaf (Maroc), Dangote Cement (Nigéria), Medcem (Turquie), puis par Mira Company (Cameroun).
Dans le même timing, le groupe CIMAF s’est également installé au Congo et au Gabon, où il a racheté 75 % des parts de Ciments du Gabon, au groupe allemand, Heidelberg Cement. Le groupe est également présent au Tchad depuis 2017, aux côtés de la Sonacim (créée en 2012), la société nationale de ciment qui a connu 2 ans d’arrêts d’activités avant d’être relancé en décembre 2020.
En termes de production, grâce à cette ouverture à la concurrence, et aux investissements réalisés, la capacité globale dans la zone a connu une nette augmentation. Elle se situerait désormais autour de 10 millions de tonnes par an. Ce qui procure une quasi autosuffisance à la sous-région, réduisant fortement les importations de 300 millions d’euros en 2014, à moins de 100 millions d’euros en 2020.
Le Cameroun représente la moitié de cette capacité, soit environ 5 millions de tonnes par an, pour une demande annuelle estimée à 3 millions de tonnes. Une partie de la production est donc exportée vers les autres pays de la sous-région, notamment et principalement vers la RCA qui ne dispose d’aucune cimenterie.
Au Tchad, où le Cameroun exportait auparavant, le ciment camerounais a progressivement disparu du marché depuis l’arrivée de Cimaf.
Au Congo, d’importantes capacités de production sont installées, Dangote en tête, à côté de CIMAF, l’indien Diamond Ciment, et les chinois SONOCC et FORSPAK.
La production du pays – 2,8 millions de tonnes en 2019 – est désormais excédentaire en raison de la baisse de la demande intérieure, le secteur du BTP étant en retrait suite à la baisse importante des investissements publics (3 % du PIB en 2020 contre 15 % en 2015), entrainant une petite exportation vers les autres pays de la sous-région.
Au Gabon, la capacité de production devrait s’accroitre considérablement avec l’arrivée récente de Dangote, avec un investissement de 45 milliards de FCFA, pour une unité de production qui sera opérationnelle en 2021.
Si la zone continue à importer le clinker, nécessaire à la production de ciment, la Guinée équatoriale reste à ce stade, le seul pays à dépendre encore des importations de ciment en provenance de l’extérieur de la sous-région, et principalement de la Turquie.