Les stigmates de la crise de la pandémie de la Covid sur les économies de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) resteront longtemps gravés sur les chapiteaux du microcosme économique de la sous-région.
Au-delà du fait que cette crise a permis de jauger le niveau d’efficacité des politiques socio-économiques mises en œuvre dans les Etats de la sous –région, elle a également mis à rude épreuve, ses capacités intégratives. En terme de bilan global, cette crise a fait subir à la CEMAC, sa pire récession en 20 ans.
L’on peut néanmoins se féliciter de la riposte des autorités nationales et régionales. Ce, du fait qu’elle a contribué à atténuer les retombées économiques de cette crise. Toutefois, le PIB global s’est contracté de 2,6 % en 2020 ; le PIB hors pétrole a reculé de 2,8 % ainsi que celui du secteur pétrolier de 2,1 %.
Dans les faits, le Congo et la Guinée équatoriale ont été les plus durement touchés, avec des récessions de 7,8 % et 4,9 % respectivement, sous l’effet de la baisse de la production pétrolière dans les deux pays et des confinements stricts en Guinée équatoriale.
L’inflation est restée contenue à 2,7 %, en deçà des critères de convergence régionaux. Dans le même temps, le déficit budgétaire global (dons compris) s’est creusé, passant de -0,3 % du PIB en 2019 à -2,1 % du PIB en 2020, en raison du choc sanitaire et du choc sur les cours des produits de base. Cette détérioration est principalement due à la baisse des recettes (1,9 % du PIB), les recettes pétrolières ayant fortement diminué, d’environ 30 %, par rapport à 2019.
En outre, comme si le supplice ne suffisait pas, le ralentissement de l’activité économique a également pénalisé le recouvrement des recettes non pétrolières. L’un des rares satisfecit concerne le chapitre des dépenses qui ont été relativement bien maîtrisées, mais avec de fortes variations entre les Etats membres de la CEMAC.
En conséquence, la dette publique globale de la région a augmenté de 5,5 points de pourcentage du PIB pour atteindre 58,1 % du PIB fin 2020. Les réserves extérieures ont aussi fortement diminué jusqu’en mars 2021 ; les assurances de la politique régionale pour fin décembre n’ont pas été respectées et l’objectif qui avait été précédemment fixé pour fin juin 2021, ne sera probablement pas atteint.
Car, selon les estimations, le compte des transactions courantes a baissé de 1,7 % du PIB en 2019 passant à -5,2 % du PIB en 2020, car la contraction des exportations de pétrole n’a été que partiellement compensée par la baisse des importations et des sorties de revenus nets et par la hausse des transferts.
Les soldes du compte de capital et du compte financier ont également fortement baissé (de 1,6 % du PIB), en raison du repli des investissements directs et de la hausse des sorties de capitaux, mais cette détérioration a été compensée par des financements exceptionnels plus importants.
Face à cette crise, les pays de la CEMAC ont été contraints puisé dans leurs réserves, qui ont diminué après trois années d’accumulation. De plus, l’objectif des Actifs extérieurs nets (AEN) à fin décembre 2020 a été manqué de 185 milliards de FCFA (environ 280 millions d’euros), ce qui s’explique par un financement net beaucoup plus faible que prévu (de près de 900 milliards de FCFA, en autres investissements à long et court terme nets), tandis que le déficit du compte courant a été plus faible que prévu de près de 600 milliards de FCFA.
Après la tempête, le calme semble progressivement de retour. Les réserves ont rebondi depuis fin mars 2021, après une nouvelle forte baisse au premier trimestre, mais il est maintenant prévu que l’objectif précédent de fin juin 2021, relatif aux AEN soit manqué de 0,4 à 0,5 milliard d’euros.