Le Fonds monétaire international (FMI) devrait présenter, dans les tout prochains jours, un programme de prêts triennal au bénéfice de l’Etat du Gabon.
Selon des sources proches du dossier, «Le deal négocié entre les deux parties, le mois dernier à Libreville, prévoit une révision drastique du système d’exemption fiscale dont bénéficie certains investissements du fonds Arise Integrated Industrial Platforms (Arise IIP), qui associe Olam et l’Africa Finance Corp et opère la Zone économique spéciale de Nkok, située à 27 kilomètres de la capitale, Libre ville ».
Les mêmes sources ajoutent par ailleurs que si cette nouvelle disposition est maintenue, elle mettrait à mal, « non seulement l’activité d’Arise IIP au Gabon, mais à termes, dans les autres pays où le fonds opère ».
En effet, « Si le FMI a objecté aux exemptions accordées à Arise IIP par le Gabon, l’institution devrait également s’opposer, à plus ou moins longue échéance, à celles accordées aux zones industrielles mises en place par le fonds dans d’autres pays, à commencer par le Togo, où Arise IIP a inauguré le 6 juin la zone industrielle d’Adetikope», font- elles observer.
Un aréopage de super consultants pour revoir la position du FMI
« Pour éviter l’effet domino, l’Arise IIP fait donc monter au créneau son aréopage de super consultants, et en particulier son principal émissaire dans les cénacles financiers internationaux, l’économiste bissau-guinéen, Carlos Lopes, membre du conseil consultatif d’Arise IIP, depuis le début de l’année », indique-t-on.
Car, « outre son carnet d’adresses au sein du FMI et de la Banque mondiale, Carlos Lopes est très introduit auprès de l’Afreximbank, et plus particulièrement du cabinet de son président, le Nigérian Benedict Oramah », mentionnent-elles.
Une excellente opportunité d’affaire…
Selon les observateurs avertis, l’Afreximbank devrait réaliser un bon coup. Car, pour la banque, c’est une occasion en or qui soffre, alors qu’elle négocie une participation minoritaire au capital d’Arise IIP, après avoir syndiqué un emprunt de 59 millions d’euros au bénéfice d’Arise IIP, pour le projet d’Adetikope au Togo.
En dehors de M. Lopes, Arise IIP fait également recours aux services de l’ancien conseiller Afrique de François Mitterrand, Bruno Delaye. Il mène depuis l’année dernière un lobbying actif auprès de la Task Force on Countering Illicit Trade (TF-CIT), l’unique instance internationale chargée de réguler le secteur des zones franches et des parcs industriels. A ce jour, TF-CIT est rattachée au G20 et financée par l’Union européenne, soutiennent lesdites sources.
La ZES de Nkok, un catalyseur d’investissements
Pour rappel, c’est en 2011 que la Zone économique à régime privilégié de Nkok (ZERP ou ZES) voit le jour, sous l’initiative du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. Créé pour donner un coup de boost à l’économie du pays, cet espace géographique implanté à 27 km de la capitale Libreville, accueille depuis lors près d’une centaine d’opérateurs économiques dans divers domaines d’activités.
Répartie en espaces industriel, commercial et résidentiel, elle intègre des commodités comme un réseau hydraulique, un chemin de fer, des banques, des sociétés d’assurance, une caserne de sapeurs-pompiers, etc.
La ZES a généré près de près de 5000 emplois directs et autant d’emplois indirects, dont 70% de Gabonais y travaillent à plein-temps, et peuvent même s’y faire former à des spécialités industrielles. Elle a également enregistré un flux d’Investissements directs étrangers (IDE) de près de 1000 milliards de francs FCFA, selon le FDI Magazine, considéré comme la première publication mondiale en matière de classement des zones franches.
La ZES est aujourd’hui responsable de pas moins 40% des exportations du pays, à cause d’une clause stipulant que ses firmes membres doivent exporter « au moins les trois quarts de leur production ». Lesquelles, en retour, bénéficient entre autres d’une exonération de TVA sur une durée de 25 ans, et d’une exonération des droits de douanes à l’import/export.
La ZES a récemment été qualifiée de référence africaine par l’Organisation africaine des zones économiques. Elle constitue de ce fait, un exemple à suivre donc, pour de nombreux pays.