Après avoir porté haut, le fanion de l’économie gabonaise pendant près d’une décennie, les sociétés Olam et ARISE sont subitement devenues les « têtes de turcs » de l’économie gabonaise. Elles subissent actuellement une valse de tirs groupés de la part de certains politiques, qui entendent faire bouger les lignes pour une autre donne. En clair, l’odyssée Olam et ARISE s’apparente aujourd’hui à un véritable calvaire. Il leur est reproché beaucoup de griefs. Notamment sur le non-respect des droits des travailleurs et des normes environnementales et bien d’autres peccadilles.
Olam et ARISE, les »têtes de turcs » de l’économie gabonaise
Bien au fait de ce dossier, l’ingénieur agronome et coordinateur des activités de l’ONG IDRC Africa, Hervais Omva appelle à une lecture rationnelle et lucide de ce dossier. D’abord sur la question relative aux droits des travailleurs. Tout en reconnaissant certain nombre de manquements, il suggère que les responsabilités soient clairement établies. « Olam et Arise sont des investisseurs qui ont prouvé ces 14 dernières années tout ce qu’ils étaient capables de faire. Et je considère que s’il y a des manquements, il faudrait préalablement se poser la question de savoir si ceux-ci relèvent du gouvernement antérieur ou de l’investisseur ».
Sans détour, il pointe un doigt accusateur sur l’Etat qui, selon lui, a failli à ses missions régaliennes. « Pour ma part, s’il y a des manquements, ils relèvent plutôt des gouvernements antérieurs. Avant de faire la chasse à Olam ou Arise, il est important que l’actuel gouvernement ou le CTRI convoque les différents ministres qui ont géré ces différents dossiers. À quelque chose près, dans les différents ministères, ce sont les mêmes fonctionnaires qui sont encore là. Ce sont les mêmes chargés d’études qui étaient conseillers ou directeurs généraux, et qui sont encore là. Donc, il est important que l’on convoque ces gens, et ce d’autant que nombreux sont ceux qui sont encore aux affaires, qui ont été reconduits par le CTRI et certains sont encore conseillers du président de la Transition ».
Fort de cela, il préconise que le CTRI, le président de Transition et l’actuel gouvernement convoque l’ensemble des acteurs pour discuter, faire le point et voir ce qui n’a pas marché pour un éventuel arrangement. Autrement dit, « voir ce qui a marché pour que nous pouvons continuer dans ce sens. Telle est la démarche à suivre ».
« La cupidité peut détruire une source de profits abondants »
Pour Hervais Omva le Groupe Olam et Arise s’apparente à la poule aux œufs d’or de la célèbre fable de Jean de La Fontaine exprimant le fait que la cupidité peut détruire une source de profits abondants, d’où son appel à la prudence. « Je fais partie de cette société civile qui dit “non, attention !”. Le Groupe Olam et Arise en 14 ans ont créé plus d’emplois et ont ouvert les portes de l’industrialisation au Gabon, bien plus que certaines entreprises qui sont installées chez nous depuis les indépendances. Prenons l’exemple du secteur du bois. Il a fallu qu’Olam arrive pour que la transformation du bois soit effective au Gabon. Pendant combien d’années les sociétés installées ici sortaient les grumes ? Où était cette société civile pour protester ? Il a fallu que des ONGs telles que l’Observatoire de la démocratie de Dieudonné Minlama Mitogho, ou Brain Forest de Marc Ona Essangui, et IDRC Africa et d’autres ONGs se lèvent pour ramener Olam et Arise à de meilleures pratiques ».
Dans le cas Groupe Olam et Arise, « je considère que les torts sont partagés. Lors-que l’investisseur est arrivé au Gabon, il n’a rien imposé. Ce sont les gabonais qui, avec leur facilité, ont plongé dans le non-respect d’un certain nombre de cadre, ce malgré les interpellations que nous avons faites à l’époque. Je pense que le tout peut se discuter autour d’une table. Le gouvernement Gabonais d’aujourd’hui a une certaine vision et celle-ci devrait être respectée par le partenaire Arise ou Olam », assure-t-il.
Sur le non-respect des droits des travailleurs et des normes environnementales, « il revient plutôt à l’État gabonais de mettre en place un cadre qui réponde aux normes. C’est de la responsabilité de l’État gabonais et il faut que nous le sachions. À Nkok, il y a une direction du Ministère du Travail, avec des inspecteurs du travail. Si ces derniers ne font pas leur travail, pourquoi s’en prendre à l’employeur ? Je pense que nous sommes maladroits et l’image que nous envoyons au monde, en nous attaquant à Arise qui est installé partout en Afrique, est une très mauvaise image pour le Gabon ».
« La situation des Groupe Olam et Arise peut occasionner un préjudice sans précédent »
« Vous ne pouvez pas inviter des investisseurs en chassant d’autres investisseurs. Et lorsqu’on sait qu’Arise est installé au Congo Brazzaville, en RDC, au Cameroun, en Côte d’Iivoire, au Nigéria, au Ghana et un peu partout dans le monde. C’est maladroit de mettre le chef de l’État et le CTRI dans cette impasse. Un petit groupuscule de personnes, comme d’habitude, cherche à régler des comptes à gauche et à droite. Cependant, nous devons regarder l’intérêt national et à partir de là, nous trouverons des solutions adaptées et durables », s’indigne l’ingénieur agronome.
« S’il y a des soucis aujourd’hui, c’est bien parce que beaucoup ont pensé à leurs intérêts personnels »
Pour M. Omva, il est plus que nécessaire que « l’État gabonais s’assied avec son partenaire Arise, avec la perspective de mettre en place un cadre transparent qui permette à notre pays de bénéficier encore plus des ressources et de l’expertise de son partenaire. N’oublions pas que le Gabon souffre d’un gros problème, celui du chômage. Or, nous avons en face de nous un partenaire qui est installé dans une vingtaine de pays africains, qui crée des milliers d’emplois dans plusieurs secteurs et qui est déjà installé chez nous, qui pourrait par cette bonne relation apporter encore plus au gouvernement gabonais. Voilà où est toute la question. On n’est pas dans un procès. Et s’il y en avait un, ce serait celui des anciens dirigeants. Ce sont eux qui n’ont pas été des patriotes. S’il y a des soucis aujourd’hui c’est bien parce que beaucoup ont pensé à leurs intérêts personnels ».
Car, tout compte fait, le Gabon a besoin d’investisseurs et Arise en est un, qui a beaucoup d’investissements dans le pays et qui salarie beaucoup de Gabonais, reconnait-il. Avant d’appeler à une véritable prise de conscience des réalités. « Olam et Arise sont de puissants employeurs dans notre pays, et nous avons déjà d’un côté une grande partie de la population qui n’a pas d’emploi. Si les manigances de certains mettent à genoux le partenaire, il est clair que celui-ci s’en ira, avec tous les effets que cela comporte : des milliers de personnes au chômage. Avant de démanteler un partenaire, cherchez d’abord à créer de l’emploi », conclut-