Commentant l’économie régionale, la BEAC a noté que les secteurs pétrolier et non pétrolier devraient soutenir la croissance économique globale de 3,3% en 2024, contre 2,3% en 2023. La BEAC prévoit que l’inflation dans la zone Cemac s’élèvera en moyenne à 3,9% cette année, contre 5,6% l’année dernière.
En raison de l’activité commerciale stable, les réserves de devises devraient couvrir 4,8 mois d’importations régionales, soit un niveau stable par rapport aux niveaux de l’année dernière. Les adjudications d’obligations locales continuent de connaître une forte demande de la part des investisseurs locaux, ce qui pourrait limiter les besoins de financement extérieur.
La République centrafricaine (RCA) est confrontée à des pressions considérables liées aux coûts en raison de sa situation sécuritaire fragile et de ses infrastructures peu développées. Les pertes agricoles alimentent souvent l’inflation des prix alimentaires en raison des conflits et des déplacements, tandis que les infrastructures peu développées du pays et l’accès limité aux ressources agricoles adéquates ont également contribué à de fortes pressions sur les prix.
L’inflation a fortement divergé entre les États membres de la Cemac
En 2023, l’inflation en Guinée équatoriale est passée d’un pic de 5,1 % en glissement annuel en mars à 2,6 % en glissement annuel en novembre. Le budget 2024 a réduit les subventions aux produits alimentaires et aux carburants et a étendu la TVA aux services de commerce électronique. Si ces changements devraient faire augmenter les prix à la consommation en 2024, une monnaie plus forte pourrait contenir les pressions sur les coûts.
La hausse des prix du carburant au Cameroun devrait compenser la baisse des prix des produits alimentaires. Cela intervient après que le gouvernement ait partiellement réduit les subventions aux carburants en février de cette année. Une monnaie plus forte a entraîné une baisse de l’inflation des prix des biens importés, mais les pressions sur les coûts intérieurs continuent de se répercuter sur les prix à la consommation plus élevés.
La prudence reste de mise
La situation quoique pas alarmiste, appelle tout de même à la prudence. En effet, l’inflation en 2024 devrait être inférieure ou conforme à l’objectif de la banque centrale régionale dans trois des six États membres de la Cemac, à savoir le Tchad (2,4 %), le Gabon (1,6 %) et la République du Congo (3,0 %). Des effets de base favorables, un relâchement des pressions sur les prix alimentaires, une monnaie relativement forte et une croissance modérée des prix du carburant devraient conduire à une désinflation dans ces trois pays.
En revanche, la RCA (3,5 %) et la Guinée équatoriale (3,7 %) devraient être légèrement supérieures au seuil. Le Cameroun (4,6%) devrait enregistrer l’écart le plus important par rapport à l’objectif régional. La BEAC a continué d’injecter des liquidités dans les banques de la région de la zone Cemac ce mois-ci après avoir interrompu ces opérations en février 2023, indiquant un abandon d’une politique monétaire plus stricte.
Les experts de Oxford Economics, une cabinet de conseil économique indépendant préconisent néanmoins que la BEAC puisse agir avec prudence avant de réduire ses taux. « L’inflation élevée et les inquiétudes croissantes quant à la viabilité budgétaire au Gabon suite au coup d’État du 30 août 2023 sont quelques-uns des facteurs qui pourraient contribuer à une politique monétaire « plus élevée et plus longue » dans le bloc, font-ils observer. En conséquence, « nous prévoyons que la banque centrale laissera son taux directeur inchangé pour le reste de l’année avant de le réduire de 50 points de base en 2025 », alertent-ils.