« Les pays fragiles et à faible revenu doivent de toute urgence créer des emplois ». Préconise le Fonds monétaire international (FMI), dans ses perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne du mois d’octobre 2024. « Alors que le reste du monde subit un déclin démographique, la population africaine est en plein essor. D’ici 2030, la moitié de l’accroissement de la population active mondiale viendra d’Afrique subsaharienne, ce qui nécessitera la création de jusqu’à 15 millions de nouveaux emplois par an », alerte le Fonds.
Ce défi est encore plus grand pour les pays fragiles ou touchés par un conflit et les pays à faible revenu où l’on recense 80 % des besoins annuels de création d’emplois de la région. Ces pays enregistrent des taux de fécondité élevés, et le nombre de jeunes n’a pas encore atteint un pic. Le Niger, par exemple, un pays qui compte actuellement 26 millions d’habitants et où la proportion de jeunes ne devrait pas culminer avant 2058, devra créer 650 000 nouveaux emplois par an au cours des 30 prochaines années.
Pour la création d’emplois productifs et de qualité
En revanche, de nombreux pays à revenu intermédiaire comme le Botswana, le Ghana, la Namibie et Maurice ont vu leur part de jeunes dans la population atteindre un pic et subiront des pressions moins fortes en matière de création d’emplois. Pour tirer profit du potentiel de la forte croissance démographique en Afrique, il faut créer un grand nombre d’emplois productifs et de qualité qui permettent d’avoir des revenus supérieurs au niveau de subsistance, que ce soit au sein d’entreprises structurées ou par le biais du travail indépendant.
L’absence d’un nombre suffisant d’emplois fera croître la pauvreté et l’insécurité alimentaire, et en conséquence, la probabilité de tensions sociales, de conflits et d’instabilité. Le manque de débouchés peut également conduire à des migrations, principalement au sein de l’Afrique subsaharienne, mais de plus en plus en dehors de la région aussi (Kanga et al., 2024).
Les marchés du travail ne parviennent pas à produire suffisamment d’emplois
La croissance de l’Afrique subsaharienne génère relativement moins d’emplois que celle d’autres pays émergents et pays en développement (graphique 2). La région ne crée qu’un tiers des emplois recensés dans les autres régions du monde affichant une augmentation similaire du PIB par habitant. Ce problème est particulièrement marqué dans les pays fragiles ou touchés par un conflit et les pays à faible revenu, précisément ceux qui subissent de fortes pressions démographiques.
Les pays de la région riches en ressources naturelles sont encore plus à la traîne, car ils ne créent qu’un dixième du nombre habituel d’emplois issus de la croissance économique en raison de leur dépendance à l’égard d’activités extractives générant peu d’emplois. Par conséquent, la croissance économique en Afrique subsaharienne n’a pas aussi bien réussi à faire reculer la pauvreté, son incidence étant environ de moitié inférieure à celle observée dans d’autres régions (Banque mondiale, 2013 ; Wu et al., 2024).
Le paysage de l’emploi dans la région dominé par les emplois de subsistance
Moins d’un travailleur sur quatre occupe un emploi salarié, et plus d’un tiers des travailleurs sont classés dans la catégorie des travailleurs pauvres, gagnant moins de 1,90 dollar par jour. Le sous-emploi est également extrêmement élevé, en particulier dans les zones rurales qui dépendent de l’agriculture saisonnière.
Pour relever les défis qui entravent la création d’emplois bien rémunérés et de qualité en Afrique subsaharienne, il est crucial d’examiner les obstacles sous-jacents qui affectent à la fois la demande et l’offre de main-d’œuvre. Les sections suivantes se penchent sur trois obstacles majeurs : la prévalence des emplois informels, les entraves à la croissance des entreprises et la demande restreinte de main-d’œuvre dans un contexte marqué par de fortes concentrations de secteurs à faible productivité.
Avec le FMI