Le Fonds africain de développement finance à hauteur de 17,97 millions de dollars américains le Cameroun et le Tchad pour renforcer les efforts de stabilisation du bassin du lac Tchad, région en proie depuis plusieurs années à une crise sécuritaire et l’une des plus affectée au monde par les effets des changements climatiques.
L’enveloppe du guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), constituée d’un don de 11,11 millions de dollars au Tchad et d’un prêt de 6,86 millions de dollars au Cameroun, est destinée à mettre en œuvre le projet qui vise à prévenir les risques par la stabilisation du bassin du lac Tchad. Les ressources proviennent de la Facilité d’appui à la transition, un mécanisme du Groupe de la Banque pour les pays en transition.
« Le financement qui vient d’être approuvé est un appui conséquent du Groupe de la Banque africaine de développement aux gouvernements du Tchad et du Cameroun, pour faire face aux effets socioéconomiques de la crise du bassin du lac Tchad. Cette opération vise à prévenir l’expansion de l’extrémisme violent dans la région du bassin du lac Tchad à travers la préservation du capital humain et l’autonomisation des communautés », a déclaré le directeur général de la Banque pour l’Afrique centrale, Serge N’Guessan. « Le projet est particulièrement approprié et innovant du fait qu’il promeut une approche du Nexus humanitaire, développement et paix », a-t-il souligné.
Le projet comprend trois composantes : améliorer la sécurité, l’accès à la justice et rétablir les services essentiels résilients ; revitaliser l’économie locale et créer des emplois durables et climato-sensibles pour les femmes et les jeunes et ; renforcer la cohésion sociale et la coopération régionale. Les activités du projet couvriront les provinces du Lac et de Hadjer Lamis au Tchad et la région de l’Extrême-Nord au Cameroun affectées par la dégradation de leur situation sécuritaire.
Le projet, approuvé le 5 novembre 2024 par le Conseil d’administration du Fonds, sera mis en œuvre par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sur une période de trois ans (2025-2027). Le financement du Groupe de la Banque sera complété par un appui parallèle de près de 20 millions de dollars mobilisés par le PNUD auprès de partenaires bilatéraux – Allemagne, Japon, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni – et du fonds des Nations unies pour la consolidation de la paix.
Le projet dotera les zones d’intervention en infrastructures de sécurité, de justice, d’éducation, de santé. Il permettra également de construire des infrastructures marchandes, la formation professionnelle des jeunes, des femmes et des populations déplacées non qualifiées dans les métiers de la menuiserie, couture, soudure, pêche, agriculture, pastoralisme, métiers verts, la réhabilitation de terres productives et l’amélioration de l’accès au financement pour les opérateurs économiques locaux, entre autres.
Environ 125 200 personnes (49 200 au Cameroun, 76 000 au Tchad) seront les bénéficiaires directs du projet et 483 000 personnes (316 000 au Cameroun, 167 000 au Tchad) en seront les bénéficiaires indirects. Les provinces du Lac et de Hadjer Lamis au Tchad et la région de l’Extrême-Nord au Cameroun ont connu une dégradation de leur situation sécuritaire, principalement en raison de la présence de Boko Haram et de groupes armés non étatiques.
Cette situation désastreuse a entraîné plus de 427 000 personnes déplacées internes dans l’Extrême-Nord camerounais et plus de 381 000 personnes déplacées internes dans la zone proche du Lac du côté tchadien, au sein desquels on dénombre une forte présence de femmes, de filles et d’enfants. Malgré ces défis, ces régions gardent une grande importance économique au cœur des corridors transfrontaliers et veulent redevenir des territoires d’avenir apaisés, pour leurs communautés.