La société pétrolière Perenco a incontestablement le vent en poupe en Afrique centrale. Avec aujourd’hui, plus de la moitié de ses actifs, la société nourrit davantage d’ambitions pour la sous-région. Ainsi, après le Cameroun et le Gabon où elle se positionne désormais comme le premier producteur d’hydrocarbures, c’est au tour du Congo de vivre la montée en puissance de sa voilure avec des ambitions de devenir également acteur majeur du secteur dans la le pays.
A la faveur d’une audience avec le avec le ministre des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, le 21 juillet dernier, le directeur général de Perenco-Congo, Benoît de la Fouchardière a décliné les perspectives de sa société dans le secteur.
Dans cet élan, il a notamment fait l’annonce d’une hausse de la production. En effet, présente dans le pays depuis 20 ans, la société pétrolière française Perenco produit actuellement 15000 barils/jour.
Face à la presse, le pétrolier est allé tout droit au but. « Je suis venu faire le point sur les activités pétrolières du groupe Perenco aujourd’hui au Congo et les projets à venir. C’était un point très important de notre réunion, puisque nous avons regardé permis par permis, ce qui est possible de faire aujourd’hui et dans l’avenir, la vision pétrolière de Pérenco pour le Congo », a – t-il indiqué.
Pour ce faire, les autorités et la compagnie Perenco envisagent toutes les possibilités. Il peut, entre autres, s’agir, soit d’une hausse de la production, soit le développement de certains champs pétroliers, soit l’amélioration de la politique d’investissements.
Selon Benoît de la Fouchardière, la vision pétrolière de Perenco au Congo, reste de soutenir sa production, de l’augmenter, de faire venir des appareils de forage de façon à mieux faire notre métier de producteur de pétrole, a ajouté le dirigeant pétrolier.
Dans tous les cas, l’annonce de la hausse de production de Perenco cadre donc avec les ambitions de l’Etat congolais, qui entendent booster la production nationale du pétrole.
Pour rappel, Perenco opère également sur le groupe de champs de PNGF Sud, comprenant les licences Tchendo II, Tchibouela II, et Tchibeli Litanzi II, pour une production brute de 20 000 b/j. La synergie avec les champs voisins a permis à Perenco d’effectuer plusieurs redémarrages de puits.
Au nord du pays, Perenco exploite les champs de Yombo et Masseko. A l’occasion du renouvellement du contrat de Partage de Production en 2015 avec la compagnie publique SNPC, et en prévision des développements futurs, Perenco s’était engagée à installer un nouveau terminal flottant en remplacement du Conkouati, en place depuis 1992.
D’après le groupe, la nouvelle unité flottante de production, de stockage et de déchargement, La Noumbi, installée fin 2018, permet de faire face à l’augmentation de la production de Yombo, proche de 9000 b/j, et de celle du champ adjacent de Masseko, récemment mis en production.
Conjoncture du secteur pétrolier congolais
L’économie congolaise repose largement sur l’exploitation pétrolière qui représente 90% de ses exportations et 50% de ses revenus. Avec une production de 339 000 b/j en 2019, le pays, est le troisième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, derrière le Nigeria et l’Angola. Il est membre de l’OPEP. Total E&P Congo reste le premier opérateur avec une production de 200 000 b/j en 2019.
Le Congo-Brazzaville a été frappé de plein fouet par la chute des cours du pétrole en 2014. La vente de cargaisons de pétrole qui représentait 80% environ des recettes budgétaires du pays ne représente plus que 50% des recettes budgétaires dans la loi de finances 2021.
Alors que l’année 2019 a été une année record en termes de production avec 339 000 barils/jour, la production pétrolière se serait contractée en 2020 à 300 000 b/j. Cela, en raison du déclin naturel des champs et la faiblesse des investissements. La loi de finances 2021 prévoit un niveau de production égal à 344 000 b/j.
Selon les opérateurs pétroliers, ce déclin s’expliquerait davantage par le gel du patrimoine pétrolier par les autorités congolaises que du manque d’huile. Le pays dispose en effet de réserves prouvées pour encore près d’un quart de siècle aux conditions actuelles d’opération.
La volatilité des prix du baril, au plus bas niveau au premier trimestre 2020, a également influé sur la décision des opérateurs de réduire leurs investissements, de même que les contraintes sanitaires liées à la Covid 19 qui ont pesé sur les activités du secteur d’un point de vue opérationnel.
L’introduction de nouvelles règles du jeu, parfois avec effet rétroactif, mais plus avantageuses pour l’Etat congolais, incitent peu parallèlement les opérateurs pétroliers à investir. Ces nouvelles règles se sont traduites notamment par la remise en cause du cadre fiscal, avec l’abrogation unilatérale en 2020, des conventions d’établissement dont bénéficiaient les opérateurs pétroliers.
La promulgation de décrets sur le « local content », ciblant outre la main d’œuvre, les cadres et cadres supérieurs dans la sous-traitance pétrolière, est aussi une contrainte spécifique.
Les nouvelles exigences issues de la modification de la réglementation des changes de la BEAC, qui ont débouché sur un sursis jusqu’à fin 2021, ont par ailleurs durci l’environnement des affaires : il s’agit notamment de l’obligation de rapatrier les devises issues des exportations d’hydrocarbures et de l’interdiction aux entreprises résidentes d’ouvrir un compte en devises dans la CEMAC ou hors de la CEMAC. Ajouté à cela, la taxe sur les transferts de fonds pèse sur l’environnement des entreprises.
Selon les experts, les relais de croissance de production des nouveaux champs, notamment en mer profonde, restent difficilement à prévoir. Cela, en raison des nombreux reports des investissements du fait du contexte actuel peu favorable aux opérateurs et des délais nécessaires entre les forages d’exploration, la décision finale d’investissement et le démarrage de la production.