La hausse actuelle des cours de denrées de première nécessité n’augure pas situation reluisante en en zone CEMAC. Dans sa lettre de recherche couvant le 1er semestre 2022, la BEAC révèle qu’en l’absence de mesures compensatoires ou d’augmentation des capacités de production, les ménages aux revenus les plus faibles devraient enregistrer une dégradation significative de leur pouvoir d’achat à moyen terme.
Selon la BEAC, cette situation est consécutive à l’importance relative des biens importés dans l’offre de biens et services destinés à la consommation finale dans la CEMAC et des projections d’inflation mondiale élevées jusqu’en 2025.
« Lorsque les prix augmentent, la quantité de biens pouvant être achetée avec une unité de monnaie diminue. Cette perte de pouvoir d’achat augmente la vulnérabilité des populations à la corruption, favorise l’avènement d’injustices sociales et dégrade sensiblement le climat des affaires », indique la Banque centrale.
Et d’ajouter, « Outre l’augmentation de la précarité sociale des populations à faibles revenus, la persistance de l’inflation devrait entrainer une diminution de l’assiette fiscale et un creusement des déficits budgétaires : les dépenses de subventions aux importations augmentent, les recettes douanières diminuent et les investissements reculent ».
Par ailleurs, poursuit-elle, « La dégradation des équilibres budgétaires favoriserait en l’absence d’augmentation de l’offre domestique de biens et services à moyen terme la persistance des tensions inflationnistes en raison de la nécessité de financer les déficits budgétaires accumulés à court terme ».
Face à la situation, la situation préconisée par la BEAC repose sur trois leviers. Lesquels peuvent être activés pour consolider les finances publiques à moyen terme. Il s’agit de l’accroissement des recettes fiscales, la réduction des dépenses d’investissement, et la réduction des dépenses courantes.
De manière spécifique, l’augmentation de la pression fiscale rognerait la profitabilité des entreprises qui pourraient répercuter la hausse du taux d’imposition sur leurs prix de vente.
Quant à la contraction des dépenses d’investissement, elle contribuerait à la dégradation des infrastructures de production et de distribution des biens et services avec de potentiels renchérissements des coûts de production.
S’agissant enfin de la baisse des dépenses de fonctionnement et des subventions, elle pourrait aggraver la précarité des ménages les plus pauvres et déboucher sur une détérioration du climat social. Les perturbations des chaines d’approvisionnement qui s’en suivraient pourraient ensuite favoriser la hausse des charges de sécurisation des stocks de marchandises.