Dans son rapport, l’institution hexagonale s’appuie les dernières prévisions du mois d’octobre du Fonds monétaire international (FMI). Selon les termes dudit rapport, la croissance en Afrique subsaharienne devrait se maintenir à 3,6 % en 2024 pour la deuxième année consécutive, avant de se redresser à 4,2 % en 2025, bien que la situation reste hétérogène.
Les mesures de resserrement monétaire ont contribué à ralentir l’inflation dans plusieurs pays, et les positions extérieures se sont renforcées, avec un rétrécissement des économies de la CEMAC devrait accélérer à 3,6% en 2024 (après 2,3 % en 2023), un niveau deux fois moindre qu’en UEMOA, mais correspondant à la moyenne subsaharienne.
Elle bénéficierait d’un regain des activités dans le secteur des hydrocarbures (optimisation des vieux puits et entrée en production de nouveaux champs, notamment en Guinée équatoriale, où la production annuelle augmenterait de 17 %, atteignant 4,6 Mt), dans un contexte de rebond des prix du pétrole (+5 % en g.a. au premier semestre 2024 à 84 USD/b).
Cette tendance découlerait aussi du dynamisme des secteurs non pétroliers, qui affichent, sauf en 2020, des taux de croissance positifs depuis 10 ans. L’activité s’accélérerait dans tous les pays de la zone CEMAC, sauf au Tchad (3,2 % après 4,9 % en 2023), tandis que la Guinée équatoriale et le Cameroun enregistreraient les taux les plus élevés (5,8 % et 3,9 %, respectivement).
Le FMI anticipe une baisse des tensions inflationnistes dans la zone CEMAC bien que le taux d’inflation (4% contre 5,5 % en 2023) demeurerait toujours au-dessus de la norme communautaire de 3 %. À l’exception du Gabon, qui affiche un taux d’inflation de 2,1 %, tous les autres pays de la zone CEMAC dépasseront le plafond d’inflation fixé par la communauté. Les niveaux d’inflation les plus élevés seront observés au Tchad (4,9 %), en RCA (4,7 %) et au Cameroun (4,4 %).
Ce dernier représente plus de 50 % de la consommation totale de la zone. Cette baisse attendue sur un an est le résultat de la contraction des prix des prix mondiaux des denrées alimentaires (principal facteur qui explique l’exacerbation des prix dans la zone ces deux dernières années) et des effets modérateurs du resserrement de la politique monétaire sur l’activité économique.
L’inflation reste cependant sous la pression de plusieurs facteurs internes persistants : les réajustements tarifaires des carburants, induits par la réduction des subventions de certains Etats de l’Afrique centrale ont eu un effet haussier direct sur l’inflation.
Selon le FMI, l’inflation en zone CEMAC devrait revenir sous la cible communautaire à partir de 2026 (3,3 % en 2025 et 2,9 % en 2026). Hors CEMAC, la RDC et Sao Tomé afficheraient des taux d’inflation les plus élevés de la région avec respectivement 17,8 % et 17,1 %.
Par ailleurs, le solde budgétaire global de la CEMAC, dons inclus, devrait se détériorer avec un déficit de -0,3 % du PIB en 2024, en recul par rapport à l’excédent marginal de 0,1 % enregistré en 2023, avec notamment des déficits marqués au Gabon (-3,9 %) et en RCA (-3,1 %). Ces déficits aggravent les vulnérabilités financières dans un contexte où les conditions de financement sont de plus en plus contraintes. En excluant les dons, le déficit budgétaire global de la zone s’élèverait à -0,8 %, révélant la dépendance significative à l’aide extérieure, particulièrement pour des États comme la RCA.
Hors CEMAC, le FMI anticipe pour la RDC un déficit public (dons inclus) de -2 % en 2024, en hausse par rapport à -1,7 % en 2023, tandis que Sao Tomé afficherait une amélioration notable de ses finances publiques, avec un excédent passant de 1,1 % du PIB en 2023 à 4 % en 2024.
Le taux d’endettement de la CEMAC est prévu en légère baisse à 50,8 % du PIB en 2024, contre 52,9 % en 2023, mais reste bien supérieur au niveau de 46,6 % enregistré par exemple en 2018. Le Congo et le Gabon affichent des niveaux d’endettement particulièrement élevés, avec des dettes publiques respectives estimées à 93 % et 73,3 % du PIB. Le ratio dette/PIB devrait être contenu à environ 11,5 % en RDC, alors qu’à Sao Tomé, il atteindrait 40,6 %, témoignant d’une forte baisse de plus de 10 points sur un an.