Cette position du Fonds monétaire international a été défendue par la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva et le président du Comité monétaire et financier international (CMFI), Lesetja Kganyago le 19 octobre dernier, à Washington, à la faveur d’une conférence de presse commune au terme des Assemblées annuelles du Fonds.
Réagissant à la question d’un probable programme d’unification monétaire par les pays de la CEDEAO [Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest] avec la décision de créer l’éco, une monnaie commune, l’année prochaine, Lesetja Kganyago a tenu à préciser qu’il y’avait deux choses importantes sur ce dossier.
La première, a-t-il indiqué, ‘’est que la question de l’union monétaire est un projet politique. De la même manière que l’euro était un projet politique, la création d’une union monétaire sur le continent africain devrait être un projet politique’’.
Avant d’indiquer que ‘’Il y a des apprentissages importants et certaines conditions préalables à remplir. Et comme le montrent les leçons de l’Europe, si vous voulez créer une union monétaire, vous avez besoin d’une intégration plus poussée. Vous devez poser des questions sur une union fiscale. Vous devez poser des questions sur une union bancaire’’.
Selon lui, ‘’Et toutes ces choses sont complexes. Cela n’empêche pas diverses régions du continent de s’engager dans une union monétaire. Donc, le fait que la CEDEAO ait décidé d’aller de l’avant et de faire ces choses, si elle remplit toutes les conditions préalables, je suis sûr qu’elles pourraient continuer, à condition qu’il y ait un engagement politique,
De l’avis de Lesetja Kganyago, ‘’Nous avons à la fois la CEMAC et la CEDEAO à un stade où elles cherchent leur future union monétaire, comme nous venons de l’entendre. Et la question est vraiment pour que ces pays sachent ce qui servirait le mieux leurs économies. La décision n’est pas prise. Les consultations entre les pays sont en cours. L’important est qu’ils puissent ancrer leur monnaie de manière à faciliter la stabilité des prix et qu’elle soit bénéfique pour leurs économies. Comment le procéderaient-ils, étant donné qu’il y a deux discussions en cours, est un élément que le FMI suit et souhaite vivement obtenir le meilleur résultat possible au fil des discussions’’.
Au sujet de l’équité, il s’est voulu davantage prudent. ‘’Je pense que nous devons l’élargir au-delà du système monétaire et penser au continent africain, à sa présence et à son avenir. Les pays africains ont franchi une étape très importante grâce à l’Accord de libre-échange continental africain. Cela constituera un fondement de l’intégration dans la région – en fait, pas dans la région – dans le continent. Le chemin à parcourir est long, mais le premier pas a été franchi. Et pour moi, ce qui est très important pour l’Afrique, c’est d’exploiter pleinement son potentiel’’.
Et d’ajouter : ‘’Aujourd’hui, ce que nous avons, c’est que certains pays vont très bien et d’autres qui sont à la traîne. En fait, il était très troublant de constater que la plupart des 45 pays qui vont connaître une croissance encore plus lente que le reste du monde se trouvent en Afrique subsaharienne’’.
Autrement dit : ‘’Cela signifie que la distance entre les économies avancées et les économies en développement, au lieu de se réduire, risque de s’élargir’’. Car, pour Lesetja Kganyago, ‘’la question du système monétaire est importante, mais une question beaucoup plus importante est celle de générer une croissance soutenue et de renforcer l’intégration dans et dans les pays africains, en passant à la numérisation, sauter sur cette base, investir dans le capital humain du continent, investir dans les infrastructures du continent’’.