Ce facteur, à l’origine de plusieurs crises, constitue l’un des écueils que la sous-région devrait surmonter afin d’assurer pleinement son développement, préconise la Banque africaine de développement (BAD).
Dans son Document stratégique d’intégration régionale 2019-2025 pour l’Afrique centrale, l’institution bancaire panafricaine pointe vertement le déficit d’institutions politiques solides et consensuelles comme l’un des principaux écueils que sous-région devrait surmonter en vue d’asseoir son développement.
Selon l’institution bancaire panafricaine, l’Afrique centrale reste marquée par une chronique instabilité politique et un contexte sécuritaire volatile. Cette situation, indique-t-elle, résulte des activités des groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad (nord du Cameroun, ouest du Tchad, sud-est du Niger, nord- est du Nigéria) et de l’éclatement de plusieurs conflits multiformes, notamment pour le contrôle des richesses naturelles.
Par ailleurs, au cours des trois dernières années, la situation politique a été dominée par des processus électoraux qui ont souvent fait apparaître des tensions. Ce fut le cas en Angola, au Burundi, au Congo, au Gabon, en Guinée équatoriale, en République centrafricaine et au Tchad. Cette situation montre que la région est confrontée à des défis importants dans la mise en place d’institutions politiques solides et consensuelles qui favoriseraient la cohésion sociale.
Les systèmes de pouvoir politique fortement présidentialistes combinés à un manque d’alternance des partis politiques ont conduit le plus souvent à des crises qui ont perturbé l’activité économique en détruisant les infrastructures et en déréglementant les marchés.
Pour la BAD, les conflits ont été exacerbés par la faible capacité des États à faire face aux problèmes d’insécurité et de reconstruction, par le niveau élevé de la pauvreté combiné à un taux de chômage élevé, surtout chez les jeunes, et par un déficit de bonne gestion des ressources naturelles
L’incidence du terrorisme est particulièrement élevée en raison notamment de la menace persistante que représente le groupe Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, la crise politico-militaire en République centrafricaine, la poursuite des conflits armés dans la région des Grands Lacs et les agissements du mouvement rebelle ougandais de l’armée de résistance du seigneur en République centrafricaine et en RDC.
Par ailleurs, la crise dans la région du Kasaï en RDC continue d’occasionner des déplacements massifs de populations et crée de nouveaux besoins humanitaires. Enfin, la crise politique et sécuritaire au nord-ouest et au sud-ouest du Cameroun vient accroître les facteurs de vulnérabilité qui pèsent déjà sur les économies de la région.
Les conflits et l’insécurité se nourrissent de l’instrumentalisation des jeunes confrontés au sous-emploi, ainsi que de la prolifération et la circulation illégales des armes légères et de petit calibre. Des actions concertées de lutte contre l’insécurité sont menées par les autorités nationales et régionales, avec le soutien des partenaires au développement, parfois au détriment des dépenses sociales dans les États concernés.
La situation humanitaire demeure aussi préoccupante, compte tenu des crises dans les régions anglophones du Cameroun, au Congo, en RDC, en République centrafricaine et dans le bassin du lac Tchad. Pour cette crise, les actions du groupe Boko Haram ont occasionné plus de 200 000 réfugiés et environ 2,6 millions de personnes déplacées, dont 1,5 million d’enfants. Par ailleurs, environ 1,3 million de personnes ont été déplacées dans la région du Kasaï en RDC. La masse de réfugiés affecte de plus en plus l’équilibre socio-économique des régions d’accueil.