Au terme de la réunion sectorielle tenue le 28 février 2020 à Douala (Cameroun), en vue de la validation du rapport de l’atelier régional sur la suppression des surcoûts des frais de roaming dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le Directeur général de la promotion de l’économie numérique au Gabon, par ailleurs, président du Comité technique opérationnel du projet eGabon, Raphaël Mezui Mintsa dresse le bilan cette rencontre, en même temps qu’il décline les grandes attentes charriées par ce processus. Lecture …
Conjoncture Economique : Monsieur le Directeur général, Pouvez-vous nous donner les grands enjeux de ce processus?
Raphaël Mezui Mintsa : La décision de faire du free roaming émane des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Elle procède de leur volonté de la mise en place d’une zone économique sous-régionale. Et qu’à l’intérieur de celle-ci, le développement des technologies de l’information la communication identifiée comme un secteur transversal soit capable d’amener une certaine dynamique sur l’ensemble des autres secteurs de l’économie.
Dans le cadre de la libéralisation de ses échanges, notamment des communications, la baisse des tarifs de roaming se définie comme un facteur d’intégration pour l’ensemble des populations de la sous-région. C’est donc dans ce sens, qu’en suivant les recommandations des chefs d’État de la zone CEMAC, la Commission des experts s’est réunie le 28 février 2020 à Douala, pour réfléchir sur les modalités à mettre en place, pour la réduction des frais de roaming, avec pour objectif final, la mise en place d’un réseau de téléphonie unique pour l’ensemble des Etats de la zone.
Peut-on penser que tous les verrous qui obéraient la mise en place de ce dispositif sont définitivement levés ?
Oui effectivement, au titre des écueils, on avait d’abord le règlement qui devait désormais être pour toute la zone. La deuxième chose était de trouver la méthodologie de l’approche pour pouvoir arriver à ce réseau unique. Nous avons eu la chance que le Gabon et le Congo avaient déjà beaucoup avancé dans ce domaine. Notamment, avec des accords bilatéraux signés à la fois entre les deux pays, mais aussi entre les deux régulateurs qui ont amené l’ensemble des opérateurs des deux pays à signer des accords d’itinérance qui ont permis de réduire ces coûts de roaming.
L’apport de l’Etat a aussi été déterminant dans cette réduction ou suppression des taxes inhérentes à ces coûts. Donc, en s’adaptant et en s’appuyant le modèle de ces deux pays, la Commission a identifié que très rapidement, l’ensemble des États de la zone CEMAC pouvait arriver, avec cette approche, à mettre en place cette zone de free romain avec pour objectif final, l’implémentation d’un réseau téléphonique unique.
Nous sommes même allés plus loin. Puisqu’il a été entériné que l’effectivité de la suppression de ces taxes, ainsi que celles du réseau unique pour les pays de la zone CEMAC doit être actée au 1er janvier 2021. Nous pouvons donc dire que cela a été une décision forte, avec une échéance de la mise en œuvre de tout ce processus au 31 décembre 2020 au plus tard. Pour qu’au 1er janvier 2021, nous ayons un réseau unique pour l’ensemble des pays de la zone CEMAC.
Quel est l’impact social de ce processus sur le quotidien des populations de cet espace communautaire ?
C’est un véritable facteur d’intégration, au même titre que la libre circulation qui est effective dans la zone CEMAC, depuis bientôt deux ans. Concrètement, nous allons avoir des citoyens de la zone CEMAC qui peuvent désormais aller d’un pays à un autre, en utilisant leur téléphone aux mêmes coûts pratiqués dans leur propre pays. Vous pouvez donc constater que c’est une avancée très importante. Par exemple, je me retrouve à Douala et que j’appelle à Libreville en utilisant le coût local d’un appel entre deux abonnés de Douala qui s’appelleraient sur deux réseaux différents.
Parlez-nous de l’approche technique de ce nouveau dispositif ?
C’est simplement un problème de paramétrage technique des tables des opérations entre les opérateurs. C’est d’ailleurs pour ça que les opérateurs sont impliqués, au même titre que les régulateurs pour signer des accords bilatéraux, par rapport à leur trafic, de manière à organiser leur système de facturation pour respecter cette règle qui est établi. Donc, il ne s’agit pas là d’instituer un opérateur unique.
L’ensemble des opérateurs actuels va continuer chacun à exercer dans son pays avec les licences qui sont les siennes. Mais, dans la tarification, il y aura un paramétrage des tables, de manière à respecter ce règlement qui sera en vigueur au 1er janvier 2021, dans l’ensemble de pays de la CEMAC.
Au niveau technique quelles sont les entités qui vous ont accompagnées?
Justement, depuis le début de tout ce processus, le bureau de la Commission CEMAC en charge de tous des infrastructures a été accompagné non seulement, par un cabinet africain, mais aussi par l’Union internationale des télécommunications (UIT), à travers son réseau national qui est basée à Yaoundé, mais aussi avec les Nations Unies également à travers leur bureau qui est aussi basé à Yaoundé. Nous avons été également été soutenus par l’Association des régulateurs de la sous-région pour la mise en œuvre de ce processus.
Que peut réellement apporter le free raoaming en termes de retombées économiques?
Je pense que les retombées de la mise en place du free roaming seront indiscutables. On peut entre autres citer, l’augmentation, non seulement du trafic pour les opérateurs, mais aussi entre opérateurs, parce que la libre circulation fera à ce qu’aujourd’hui, les coûts de communication baissant, ces réseaux vont être utilisés de manière dense sans se soucier des coûts.
Le free raoaming devrait également susciter l’émulation économique. Surtout dans le cadre de la future zone de libre-échange économique que nous souhaitons tous de nos vœux. Laquelle zone est progressivement en train de se mettre en place. En fait, ce processus va accompagner et accélérer tout ce qui est mise en œuvre pour la matérialisation de ce projet.
Combien de temps a duré ce processus ?
La décision des chefs d’État pour la mise en place en place de ce free roaming remonte à 2017. Nous sommes aujourd’hui en 2020 et qu’en 2021 au plus tard, nous pouvons donc dire que tout a été réalisé dans un délai record de quatre ans. C’est donc un exploit pour nos Etats d’avoir été en mesure de mettre en œuvre et de faire appliquer cette décision très forte des chefs des chefs d’État de la sous-région.