La pandémie de COVID-19 aura de graves répercussions économiques sur l’Afrique subsaharienne. C’est ce que révèlent les Perspectives économiques mondiales publiées cette semaine par le Fonds monétaire international (FMI).
Passant l’Afrique subsaharienne au scanner, le Fonds souligne qu’elle provoquera un triple choc à travers le continent. Il s’agit notamment des perturbations économiques résultant du choc sanitaire intérieur, externes et sur les cours des produits de base.
Perturbations économiques résultant du choc sanitaire intérieur
Outre les coûts humains croissants, la fermeture des lieux de travail, la perturbation des filières d’approvisionnement et la diminution de la main-d’œuvre due à la maladie ou aux décès peuvent profondément perturber la production. En outre, un confinement peut avoir des effets dévastateurs (par exemple, l’insécurité alimentaire) sur des foyers vulnérables qui vivent dans la précarité et ont un accès limité aux filets de sécurité sociale. Entretemps, la perte de revenus, la peur de la contagion, la perte de confiance et l’incertitude accrue sont autant d’éléments qui réduisent la demande.
Conséquences des retombées mondiales de la COVID-19
L’Afrique subsaharienne devra également affronter de graves chocs externes — notamment un choc sur les échanges et le resserrement des conditions financières mondiales — auxquels les pays de la région sont exposés à différents degrés. En ce qui concerne les échanges, un brutal ralentissement de la croissance des principaux partenaires commerciaux diminue la demande extérieure tandis que les perturbations des filières d’approvisionnement réduisent la disponibilité des produits importés, ce qui pourrait engendrer des pressions inflationnistes.
En outre, le resserrement brutal des conditions financières mondiales réduit les flux d’investissement vers la région et sa capacité à financer les dépenses nécessaires pour gérer la crise sanitaire et soutenir la croissance.
Cela pourrait entraîner une baisse des dépenses publiques, une accumulation d’arriérés ou une augmentation des emprunts d’État sur les marchés locaux, avec les conséquences qui s’ensuivent sur le crédit et la croissance.
Pour les pays pré-émergents, l’arrêt brutal des entrées de capitaux et les sorties de capitaux pèsent sur les taux de change et peuvent causer un ajustement conséquent du solde courant par une contraction de la demande intérieure et d’autres pressions sur les bilans dans les pays qui présentent de fortes asymétries de devises.
Le ralentissement de la croissance mondiale pourrait également faire baisser les envois de fonds, ce qui réduirait le revenu disponible et s’ajouterait aux pressions externes. En outre, certains secteurs tels que le tourisme, l’hôtellerie et le transport peuvent être gravement touchés par les restrictions des déplacements.
Choc sur les cours des produits de base
La forte chute des prix des produits de base est un choc de plus pour les pays de la région riches en ressources naturelles, qui accentue encore l’impact de la pandémie. Le choc sur les termes de l’échange pèsera sur la croissance et aggravera la vulnérabilité budgétaire et extérieure, mais surtout, de faibles recettes issues des produits de base réduiraient sensiblement les ressources de ces pays pour combattre l’épidémie et soutenir la croissance.
Ces chocs viennent aggraver une situation économique déjà difficile dans la région. En effet, l’activité économique dans les pays riches en ressources naturelles a été terne ces dernières années, car la plupart des pays s’ajustaient encore au choc sur les cours des produits de base de 2014.
Dans le même temps, la forte croissance dans les pays pauvres en ressources naturelles a souvent été soutenue par les investissements du secteur public et s’est accompagnée d’une augmentation de la dette et de la vulnérabilité extérieure.
En outre, la situation sécuritaire au Sahel reste difficile et le continent a subi de multiples chocs météorologiques parmi lesquels des cyclones, des sécheresses en Afrique australe et orientale (surtout au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe) et des nuages de sauterelles dévastateurs (en particulier en Éthiopie, au Kenya, en Ouganda et au Soudan du Sud).